1778-02-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Élisabeth de La Vergne, comte de Tressan.

Le vieux malade de Ferney est incapable d'avoir passé trois jours sans répondre aux bontés de monsieur le comte de Tressan, et sans lui avoir témoigné sa tendre et respectueuse reconnaissance.

Je suis entre les mains de mr Tronchin. Mais quoiqu'il m'ait défendu tout, il ne pourra m'empêcher de vous écrire. Je suis dans un tourbillon qui ne convient ni à mon âge ni à ma faiblesse. Mon âme serait plus à son aise à Franconville.

Votre ami mr de Villette a raison d'aimer le monde; il y brille dans son étonnante maison; il l'a purifiée par l'arrivée d'une femme aussi honnête que belle. Je l'abandonnerai bientôt à son nouveau bonheur. Mais je compte bien être témoin du vôtre, dans votre retraite, si je puis disposer de moi un moment. Il y a longtemps que j'aspire à cette consolation.

Je serai jusqu'au dernier moment de ma vie, monsieur le comte, le plus attaché, le plus respectueux de vos serviteurs.

V.