Vous me déchirez le cœur, mon cher ami, par tout ce que vous me mandez.
Il m'est impossible d'écrire à vôtre genevois. Jugez en vous même.
Sa femme est née, et a été élevée dans le même village que la mère de Mlle De Varicourt, qui lui donna longtemps des bas et des souliers, quoi qu'elle n'en eût guères pour elle même.
J'ai donné part du mariage de Madlle De Varicourt à la genevoise, et ma Lettre était assurément très flatteuse. Elle n'a pas daigné me répondre, mais elle a répondu à un frère de Madlle De Varicourt, et lui a dit qu'elle était une femme trop sérieuse, et voiant trop bonne compagnie pour recevoir chez elle ma jeune mariée. Cet excez d'impertinence est-il concevable?
Je tremble de tous côtés pour nos chers St Claudiens. J'ai bien peur qu'ils ne soient mangés par les pharisiens et par les publicains. Mais où se réfugierontils? Ils n'ont ni protection, ni azile. Tout ce que je vois me fait horreur et me décourage. Je vais mourir bientôt en détestant les persécuteurs, et en vous aimant.
13e janv: 1778
Si vous persistez à envoier vôtre Lettre il faut la mettre à la poste de St Claude.