24e 9bre 1777
J'ai lu plusieurs fois l'éloge de Kepler, et j'ai toujours reconnu l'auteur; mais aiant cru trouver Fenelon dans la Lettre qui lui est attribuée, j'en ai douté à une seconde lecture, et je crois même actuellement qu'elle n'est pas de lui.
Je ne peux pas m'imaginer qu'un précepteur des enfans de France ait fait une démarche aussi imprudente et aussi fanatique, ni qu'un homme qu'on nous paint vertueux, ait eu la basssse d'écrire une Lettre anonime contre l'archevêque de Paris, et contre le confesseur du Roi.
Il ne me parait pas vraisemblable qu'un homme qui aspirait aux premières places, ait pu faire un crime au roi de s'être emparé de Strasbourg aiant gagné les membres du conseil de l'hôtel de ville, et aiant surtout un extrême besoin de cette ville qui donnait une entrée continuelle aux armées de l'empire.
Je trouve d'ailleurs dans cette Lettre des répétitions, du vague. Je crois bien que l'auteur des maximes des saints avait une tête éxaltée; mais il y a, ce me semble, une si énorme folie à écrire une pareille Lettre, que je n'ose en croire Fenelon capable. Dumoins si l'avoir écrite est d'un fou, l'avoir suprimée est d'un sage. J'ai vu des manuscrits de la main de Fenelon, et je crois que je reconnaîtrais l'écriture, si quelque jour je pouvais voir l'original de cette Lettre.
Je suis très affligé de tout ce qui se passe dans nôtre académie. Je serai tendrement attaché tant que je respirerai à celui qui fait la gloire de l'académie des sciences, et je souhaitte qu'il daigne un jour faire la nôtre.
Je le remercie de la bonté qu'il a eue de m'accorder une lecture de cette singulière Lettre que je lui renvoie. Je le prie de permettre que je présente mes très humbles et très sincères obéissances à Madame Suart.
Monsieur De Villevieille, mon rival dans le culte d'hyperdulie pour vous, dit qu'il vous embrasse aussi tendrement que moi.