1777-10-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Conseil de régence de Montbéliard.

Messieurs,

Immédiatement après vous avoir écrit ma dernière Lettre, je reçus celle cy de son Altesse Sérénissime, dont voicy la copie.

‘à Hohenheim 24e 7bre 1777

Monsieur,

J'ai reçu la Lettre par laquelle vous me peignez la situation fâcheuse où vous vous trouvez. J'y suis on ne peut pas plus sensible, et par cette raison je viens de donner les ordres les plus précis à mon conseil de Régence de Montbelliard, de faire ensorte que vous puissiez toucher l'accompte que vous demandez Monsieur, attendu que la caisse de ce païs cy ne sçaurait subvenir à celle de Montbelliard faute de relation et de connexité entre elles.

Je suis avec une estime très distinguée.’

Je garde l'original comme un témoignage précieux de L'équité de Monseigneur Le Duc, et comme un gage assuré que mes héritiers ne perdront point l'argent que je vous ai prêté. J'ai un gage plus sûr encor, c'est vôtre humanité et vôtre honneur. Il ne tient qu'à vous de me sauver la vie en me tirant du précipice où je ne suis que pour vous avoir servis. Daignez m'envoier les vingt mille Livres que je demande depuis si longtemps. Nous nous accommoderons ensuite pour le restant, si je réchape de la maladie que mes chagrins m'ont causée.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire