24 septembre [1777]
Quand l'abbé de Chaulieu et le marquis de Lafare s'écrivaient des billets en vers, soit pour aller souper au Temple ou à St Maur, on n'imprimait point leurs billets dans le mercure galant; les cafés de Paris ne devenaient point les confidents et les juges de leurs amusements.
Enfin, on ne les exposait point aux impertinents discours de la canaille de la littérature, plus insolente et plus dangereuse que la canaille des halles. Il eût été à souhaiter que m. le mis de Villette qui écrit comme les Chaulieu et les Lafare, dans leur bon temps, n'eût pas prodigué sa charmante facilité à un public toujours très malin, très injuste, et dont il faut se garder comme de la morsure des singes.
Un pauvre vieillard de 83 ans, alité depuis deux mois, mourant, et ne devant écrire que son testament, ayant eu la faiblesse et la hardiesse de répondre aux vers charmants de m. le mis de Villette, sur les mêmes rimes, et non pas avec le même agrément, ne devait pas être puni, et être condamné au mercure.
Ce mercure, tout mercure qu'il est, est feuilleté par les dames de la cour, comme par les dames de la rue st Denis. Le petit mot: Je ne crains point qu'une coquine, est relevé dans les deux tripots avec toute la charité qu'on y connaît. Il y a des conjonctures où ces petites méchancetés sont très à craindre, et malheureusement ce vieux malade est dans ce cas.
La chose est faite; il n'y a plus de remède. La seule pénitence est de venir chez le bon homme avec le mis de Villevieille, d'assister à son extrême onction, et de lui dire un de Profundis en ine aussi joli que la charmante lettre.