1777-02-26, de François Joachim de Pierres, cardinal de Bernis à Voltaire [François Marie Arouet].

Votre jeune huguenot, m. Labat, m'a remis, mon cher confrère, la lettre dont vous m'avez honoré le 27 septembre de l'année dernière.
Je ne doute pas que ce jeune homme ne soit homme d'esprit, puisque vous vous y intéressez. Il dîna hier chez moi. Je ferai toujours honneur à vos recommandations. Je ne vous ai pas cru mort, vous donnez assez souvent de bons signes de vie; mais j'ai cru que vous m'aimiez moins, puisque vous m'aviez retranché ces petites lettres qui de temps en temps me font voir que le goût et les grâces ne sont pas totalement perdus pour nous, et que vous luttez heureusement contre la décadence qui nous menace depuis quelque temps. Je m'intéresse à votre conservation plus que personne, parce que je jouis plus sincèrement que personne de votre gloire. Vivez encore longtemps pour l'honneur de la France et pour la satisfaction de vos serviteurs et de vos amis.