1776-11-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet.

Raton n'avait que parcouru Pascal, pendant qu'il fesait relier réflexions sur le com….
Raton a été tout étonné de se sentir intéressé par cet ouvrage qui ne roule que sur des pauvretés humaines après s'être vu enlevé par la sublime métaphisique et par les grands objets qui se présentent dans Blaise.

Il y a je ne sais quoi de divin dans ce mélange de Blaise-Condor. Mais les réflexions sur le com … sont si humaines que Raton y est entré tout de suite avec un extrême plaisir, quoi qu'il eût la tête encor pleine de l'éloge de Blaise, de l'argument de Loke, de l'incertitude de nos connaissances naturelles, d'Epictete et de Montagne, de l'addition, et de L'amulette mistique.

Raton revenant donc de ce troisième ciel dans nôtre monde a été charmé quand il a lu, L'homme aime mieux dépendre de la nature que de ses semblables; il souffre moins à être ruiné par une grêle que par une injustice. Il a ri à la grandeur des riches, à l'envelope des principes dans la pensée. Il se souvient d'avoir fort connu celui qui disait, J'aime bien ma maison de campagne, mais j'aime mieux Dieu et la vertu. C'était le plus ladre vert qui fut à cent lieues à la ronde. C'était lui qui disait, On en veut toujours à ces pauvres riches.

Raton est écrasé dans sa chatière. Raton perd le fruit de tout ce qu'il avait entrepris depuis six ans. Il avait cent maisons bâties devenues inutiles. In vanum laboraverunt qui edificant eam. Il est écrasé de toutes façons, et cependant il est engagé à la reconnaissance envers la compagne de L'Envelope des pensées, parce qu'au bout du compte cette compagne et ce même Monsieur de L'envelope se sont chargés de sa chatière il y a quelques années, et que les services ne doivent jamais s'oublier.

Raton ne sait plus comment se conduire avec ce monde qu'il va bientôt quitter, il miaule plus qu'il ne raisonne. Il se prosterne devant Monsieur Plusquefontenelle.