au château de Beaubourg, 7 8bre 1779
Monsieur,
Les nouvelles que j'ai Eu l'honneur de vous mander dans ma dernière lettre paroissent prendre consistance.
On assure que mr de Cluyni a la goute dans la poitrine, s'il meurt ce sera au poste d'honneur: chose assés rare pour un controlleut général. On nomme pour son successeur le fameux Cromot. Cela paroit presque certain sed in futuro contingenti. On parle toujours du renvoi de mr de st Germain avec le bâton. Il vient d'acheter en Lorraine une terre de 600000lt. Il y a des paris pour mr le duc d'Aiguillon, auquel bien des gens donnent le ministère de la guerre. Il y est porté par les dames de France, les Maurepas &c., par mes voeux et ceux de madame du Barri.
Regina nostra morbo pediculari verisimiliter oppressa, suos abscindit capillos, illa horribile verme est opera et jam in sua regione tali morbo fuit affecta. Hoc satis verum videtur. Omnium apud maritum auctoritatem perdidit. La nouvelle de la maladie pédiculaire ne se confirme pas.
Je crois, monsieur, qu'on n'appellera pas ce latin là, du latin ciréronien. Mais n'importe. J'ai l'honneur de vous envoier le mémoire de mde de Mirabeau contre l'ami des hommes son mari. Il est très recherché à Paris; je crois cependant que l'advocat eût pu tirer un meilleur parti des circonstances. J'i joins aussi un imprimé dont on n'a distribué que deux cent éxemplaires, et qui a fait conduire son auteur à la Bastille. Je n'en vois pas la raison, car ce projet m'a paru Ecrit d'un style sage et modéré, et je le crois bon et utile.
Je vous prie, monsieur, de présenter mes respectueux hommages à madame Denis et à l'auteur vénérable des commentaires sur les ouvrages de l'auteur de la Henriade, livre charmant, intéressant, et qu'il est impossible de quitter, quand on y a jetté les yeux.
Quant à vous, monsieur, vous ne devés par douter de toute ma vénération et de tout mon respect.
de B.