J'ai vu, Monsieur, une Lettre charmante entre les mains de Madame Denis.
Celui qui l'a écrite ne s'est trompé que dans un seul point. Il ignore que je suis incapable de cesser un moment d'être attaché du fond de mon cœur à un grand homme.
Made Denis a été détournée par le mauvais tems de risquer le voiage de Paris. Elle remet cette partie au printems prochain.
Sa maladie est, à ce qu'elle présume, la suitte et le renouvellement d'un cathare violent dont elle fut attaquée il y a dix huit mois.
Ce cathare l'affaiblit, lui ôte souvent le sommeil. Elle a quelquefois le pouls un peu dérangé; mais jamais de fièvre véritable. Elle ne tousse et n'expectore que rârement. Le petit lait qu'elle prend prèsque tous les jours, est soupçonné de contribuer à ces expectorations.
Je ne peux vous donner, Monsieur, un détail plus circonstancié. Pour moi je n'ai qu'une maladie, c'est la faiblesse attachée à mon âge de quatrevingt deux ans passés.
J'ai l'honneur d'être avec un attachement et une estime très véritables, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire
à Ferney 7e 7bre 1776