Paris ce 9 aoust 1776
M.,
Le zèle que vous avés témoigné plus d'une fois contre la Doctrine absurde du Matérialisme m'a fait croire que vous Recevriez avec plaisir un ouvrage que je vient d'imprimer, dans lequel on combat l'auteur du sistême de la Nature.
Il ne tiendroit qu'à vous de lui faire sentir tous ses torts. Vous seriez bien sûr de la victoire. Quelle obligation ne vous auroient pas les sociétés humaines, si après les avoir étonnées et charmées par l'universalité de vos talens, vous vouliez bien encor contribuer à leur bonheur en lançant vos traits victorieux contre tous ces promulgateurs de paradoxes impies et Révoltans qui sous prétextes de délivrer les hommes d'un prétendu esclavage, les plongent dans un cahos funeste de doutes et d'incertitudes et les privent de l'unique Boussolle qui puisse les guider dans la carrière épineuse de cette vie? Vous sentez cela beaucoup plus vivement que moi, Monsieur, et le rendriez d'une manière plus énergique. C'est pourquoi je me contente de faire des voeux pour que la vérité trouve en vous un défenseur qui force enfin l'erreur et le mensonge à rentrer dans les ténèbres et à laisser les hommes vivre en paix sous les loix Bienfaisantes de la divinité.
J'espère que vous voudrés bien agréer le foible présent que je vous fais. L'auteur qui sçait vous apprécier ambitionne votre suffrage et se croiroit bien payé de ses peines s'il étoit assés heureux pour l'obtenir.
Permettez qu'il se joigne à moy pour vous assurer du Respect et de l'estime avec lequel j'ay l'honneur d'être, Monsieur, Votre, &c.
Debure père