3e avril 1776
Enfin donc, mon respectable ami, les partisans de la raison et de Mr Turgot triomphent, grâce à Dieu et au Roi.
Nous voilà dans le siècle d'or jusqu'au cou.
On a fait courir dans Paris une Lettre que j'avais écrit à Mr De Boncerf le brûlé. Je ne m'en déffends pas, si on l'a donnée telle que je l'écrivis. Mais puis que mes Lettres courent ainsi le monde, en voicy une au Roi de Prusse que je serai fort aise qu'on connaisse ne varietur.
Il est assez plaisant d'ailleurs qu'on sache combien ce monarque et moi chétif nous nous sommes mutuellement pardonnés, amantium ira amoris redintegratio.
Il me semble que les pères de la patrie ont fait un furieux pas de clerc, on dit qu'on chante par toute la France, O les fichus pères, ô guai!ô les fichus pères!
Si vous n'êtes pas à Paris, aiez la bonté de me renvoier ma Lettre prussienne par Mr De Vaines. Vous m'avez trouvé là un bon correspondant. Je vous en remercie de toute mon âme.
V.