[c. 13 March 1776]
Vous savez peut-être que le parlement de Paris ayant dit au roi, dans une grande députation, que sa majesté dégraderait la noblesse de son royaume en l'invitant à payer les journées de ceux qui travaillent aux chemins de leurs terres, le roi leur a répondu: j'ai l'honneur d'être gentilhomme aussi, je payerai dans mes domaines la confection des chemins, et je ne me crois point dégradé pour cela.
Vous savez peut-être aussi que ce parlement ayant fait brûler par son bourreau, au pied de son grand escalier, un excellent livre en faveur du peuple, composé par m. de Boncerf, premier commis de m. Turgot, et ayant décrété l'auteur d'ajournement personnel, sa majesté leur a ordonné de mettre leur décret à néant, et leur a défendu de dénoncer des livres: elle leur a dit que ces dénonciations n'appartenaient qu'à son procureur général, qui même ne pouvait le faire qu'après avoir pris ses ordres.
Voilà des jugements de Titus et de Marc Aurèle; mais messieurs ne sont pas des sénateurs de Rome. Pour m. Turgot, il a tout l'air d'un ancien Romain.