1776-02-14, de Pierre Michel Hennin à Voltaire [François Marie Arouet].

Si tous les paris étoient énoncés aussi clairement que celui dont on me fait part il n'y en auroit pas tant dont la décision est impossible.

Des deux voyageurs qui sont allés à Ferney Lundy l'Italien est vraisemblablemt un très grand maraud qui a volé sur toute la route des serviettes, des couverts d'argent et à Lyon une croix de diamants sous prétexte de vouloir l'acheter. Sur le François j'ai encore du doute quoique je croye difficile que son camarade volât sans qu'il s'en apperçut. J'attens ce matin le rapport de l'auditeur qui les interoge actuellement. Il est certain du moins qu'il n'en a imposé ni sur son nom ni sur ses qualités, et qu'avec ses talens et sa figure il seroit absurde de compter faire l'escroc sans être reconnu. Tout ce qu'on sçait c'est qu'il y a très peu de tems qu'il connoit l'Italien, que celui ci le deffrayait de tout sans doute pour s'introduire par son moyen dans les maisons. Il n'y a que l'arte de la croix de St Lazarre qui me paroit fort suspect parce qu'il est fils d'un Négociant de Bordeaux. Dès que j'en sçaurai davantage, j'aurai soin d'en instruire l'oncle et la nièce aux quels je présente mes homages et que j'espère aller voir au premier jour.