1775-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Élisabeth de La Vergne, comte de Tressan.

page 121 du receuil où est Jenni

après ces mots la plus respectueuse

postscrit de mr de Voltaire

Puisqu'on a imprimé cette lettre que j'ai en effet écrite à monsieur le comte de Tressan je saisis cette occasion pour déclarer que je ne suis point l'auteur des rapsodies qu'on a imprimées sous mon nom dans les pays étrangers, comme une ridicule épitre de l'abbé de Grecour qui commence par ces vers

Belle maman soiez l'arbitre
Si la fièvre n'est pas un titre.

Cette autre

La raison est de l'homme et le guide et l'appui,
C'est elle qui des traits de sa divine flamme
Purifiant son cœur illumine son âme.

Cette plate et impertinente apotéose de melle le Couvreur

Quel contraste frappe mes yeux,
Melpomene est désolée.
Elève avec l'aveu des dieux
Un magnifique mausolée,

et je ne sçais quelle ode intitulée le vrai dieu et une longue épitre à l'abbé de Rotelin

Docte abbé dont l'esprit guidé par la sagesse,

le philosophe à made la marquise de T., pièce où l'on trouve des vers détestables sur les sept primitifs

Tamisés, réfléchis, leurs tons harmonieux
En peignant les objets se font entendre aux yeux,

et une foule de pareils ouvrages dont quelques jeunes ignorants sans goust remplissent leurs portefeuilles, et qu'ils vendent ensuitte à des libraires.

Enfin mes propres ouvrages entièrement défigurés. Il n'y a pas grand mal à tout cela, mais ceux qui m'impriment auraient dû au moins me consulter.

Voltaire