Nous ne pouvons concevoir, mon cher ami, Made Denis, mr Racle et moi, comment mr Labat a pu vous dire que mr Racle n'était chargé d'aucun arrangement.
Nous l'avions choisi pour arbitre; mr Labat l'avait accepté; il a travaillé deux jours de suitte avec mr Labat; il a signé comme arbitre. Vous verrez son avis au bas du mémoire qui vous sera présenté par Messieurs De L'Orme et Vasserot.
Made Denis est dans une extrême colère contre Mr Labat, elle s'est plainte de lui vivement à mr vôtre frère; j'ai eu l'honneur de lui écrire aussi, mais je ne me suis plaint de rien. Je n'ai d'ailleurs aucun intérêt personel dans cette affaire; Dieu merci, il ne me reste rien en propre dans ce monde, pas même mon corps qui s'en va à tous les diables; je ne suis qu'un pauvre homme enterré à Ferney, attendant doucement la fin des pauvretés du court pélerinage de cette vie.
Je suppose que la manière dont les magistrats d'Amsterdam se sont conduits avec Marc Michel Rey, est un prélude de la pièce que vôtre conseil doit jouer, sans quoi, vous sentez bien que le magnifique conseil serait prodigieusement siflé.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
4e fév: 1765 à Ferney
NB: on me fait observer que nonseulement il n'y a point de déterioration dans le changement d'une mauvaise vigne en un pré semé de fromental, mais que s'il y avait déterrioration ce serait Monsieur Tronchin qui l'aurait faitte, puisque c'est lui qui a proposé la terrasse, qu'il en a paié un quart, moi l'autre quart, et la république la moitié, et qu'on ne peut ni arriver ni se promener sur une terrasse à travers des vignes.
Monsieur Tronchin est suplié de plus, de considérer qu'il est difficile d'appeller déterriorée une maison qui vaut beaucoup plus quand on la rend que lorsqu'on l'a prise.