[1774/1775]
Je viens d'ouvrir par hasard le dix-huitième volume de mes prétendues Œuvres complettes. Je vous renvoie la page 446, que j'ai déchirée dans ma très pardonnable colère. Est il possible que votre facteur ait imprimé sous mon nom des vers tels que ceux ci,
Assurément la main de votre directeur d'imprimerie n'a pas été inspirée; &c'est la main du cocher de Vertamont qui a écrit ces vers à mon cher B . . . . . . Je vous jure que je ne connais point mon cher B . . . ..; & que je n'ai jamais fait ces pauvres vers scientifiques. On m'assure qu'il y a beaucoup d'autres pièces, dans ce recueil, qui ne m'appartiennent pas. Que ne me consultiez vous? Que ne m'avez vous envoyé au moins la liste de toutes ces misères dont on a chargé cette édition? Je vous ai prié vingt fois de resserrer, plutôt que d'augmenter. Je vous ai dit qu'on ne va pas loin avec un bagage si énorme. Vous passez tout l'été dans mon château de Tournex: que vous coûtait il de m'instruire de vos desseins? On croit, parce que vous êtes mon voisin, que c'est moi qui vous fournis tous vos matériaux, aussi bien qu'aux libraires de Lausanne qui ont imprimé cent platitudes, que dieu merci je n'ai pas à me reprocher; c'est bien assez de celles que j'ai eu le malheur d'écrire. On débite, depuis plus de vingt ans, que je vous vends mes ouvrages; & vous laissez courir ces calomnies!