28e juill: 1774
Enfin donc, mon cher ange, le grand Référendaire l'emporte. Pourait on ne pas sentir le service essentiel qu'il a rendu à la couronne, et j'ose dire à la nation?
Je reconnais vos bontés et vôtre amitié à la conversation que vous avez eue avec lui.
Si vous voulez jetter un coup d'œil sur ma requête au Roi, en son conseil des finances, signée par cent pères de famille, et dont l'original est entre les mains de M: L'abbé Terray, vous verrez que j'ai plus d'une affaire auprès du grand référendaire, mais il n'a que sa voix, et M: L'abbé Terray parait souverain dans tout ce qui concerne l'argent comptant.
J'ai une requête plus importante encor à présenter dans quelque temps. Il s'agit d'une chose à laquelle vous vous intéressez. Il est question d'humanité et de justice. Il faut faire amende honorable à la nature et à la raison d'une barbarie abominable commise il y a quelques années avec le poignard des loix. C'est tout ce que je peux vous en dire pour le présent. Je suis devenu une espèce de Don Quichote, et de redresseur de torts, mais j'ai bien peur de ne pas mieux réussir que lui.
Il me semble que mon personage serait plus plaisant à mettre sur le théâtre que le vindicatif.
Comment nôtre nation, qui n'était que ridicule il y a quelques années peut elle être devenue si atroce? C'est une question que me font souvent les étrangers. Je leur réponds que la même nation a fait la guerre de la fronde et la st Barthelemi_et que la poudre de succession était à la mode dans le temps le plus brillant de Louis 14_au milieu des beaux arts_des plaisirs et de la galanterie.
Je me mets à l'ombre des ailes de mes anges avec des élans de dévotion.
V.