22e avril 1774, à Ferney
Tenez, Monsieur, lisez je vous en prie l'extrait de la Lettre du comte de Showalofl'oncle, et jugez si Attila et Totila n'ont pas fait de jolis vers français.
Je suis piqué; et j'aime à faire connaître la vérité. L'épître du Russe me parait très supérieure à celle du Welche, quoi qu'il y ait dans cette dernière des vers très heureux. Ce jeune Comte de Showalof, aussi bon législateur que bon poëte, est un prodige très singulier.
Puis-je enfin vous dire, quia vidistis Thoma, credidistis? Je vous demande très vivement vôtre protection pour Pegaze et pour le vieillard. C'est une chose infâme qu'il soit permis à un gueux d'athée, à un petit abbé Sabatier, de reprocher l'irréligion à tous les honnêtes gens. Voicy donc le règne de l'hipocrisie qui recommence. Il ne manquait plus que celà aux Welches.
Je vous demande en grâce, quand vous me ferez l'honneur de m'écrire, d'envoier vos Lettres à Marin, et non pas à la poste.
Je compte que mes dernières lettres ont été pour Madame. Du Déffant comme pour vous. A peine puis-je écrire, et même dicter. Je suis accablé non-seulement de vieillesse mais de maladies, et de travaux et d'affaires; je n'ai pas un moment à moi mais je suis bien sensible à ceux que vous avez la bonté de me donner.