8e xbre 1773 , à Ferney
Voicy mon cher ami, une Lettre qui nous assure enfin la délivrance prochaine du frère de cette bonne madame Barudel.
Je vous prie de la lui montrer pour la consoler.
Nous réussirons malgré le subdélégué qui était impitoiable. Il est plaisant que ce soit moi qui contribue à tirer un curé de prison mais que ne doit on pas attendre d’un associé à l’ordre des capucins!
L’idée de présenter un mémoire pour la supression de la mainmorte et un dédommagement aux seigneurs n’est pas certainement à négliger. Je pense qu’il faudrait articuler ce dédommagement, et le montrer sous un jour si clair que le ministère ne pût le refuser, et que les seigneurs ne pussent pas se plaindre. Il faut présenter toujours au ministre les choses prêtes à signer; la moindre difficulté les rebute quand ils n’ont pas un intérêt pressant au succez de l’affaire. Vous êtes plus à portée que personne de rédiger toutes les conditions du traitté, vous qui êtes au beau milieu de l’enfer de la main morte. Vous devriez venir nous voir aux bonnes fêtes de Noël, et aporter avec vous le règlement du Roi de Sardaigne. Je me chargerais hardiment d’être vôtre facteur, et d’envoier le mémoire au ministre. S’il ne réussit pas nous aurons toujours le mérite d’avoir fait une bonne œuvre.
Je vous embrasse du meilleur de mon coeur.