1773-09-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à René François Chauvin Doigny Du Ponceau.

L’octogénaire de Ferney, monsieur, tout malade et tout languissant qu’il est, n’en est pas moins sensible à vos beaux vers, à votre jolie lettre, et à toutes les choses flatteuses que vous voulez bien me dire.
Je vois que vous joignez la philosophie aux grâces. Vous êtes du petit nombre des élus, et il faut laisser crier ceux qui ne sont ni philosophes, ni aimables; ce sont là les véritables damnés. Si mon triste état me le permettait, je vous en dirais davantage. Prêt à quitter la vie, je ne puis que vous exhorter à cultiver les arts qui la rendent agréable.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le vieux Malade de Ferney V.