Je crois, mon cher et illustre Bertrand, qu’il faudra bientôt vous pourvoir d’un autre Raton: vous n’en trouverez guère dont les pattes vous soient plus dévouées, et plus faites pour être conduites par votre génie.
J’ai reçu mr de St Remi avec la cordialité d’un frère rose-croix. Il est encore chez moi. Je jouis de sa conversation dans les intervalles de mes souffrances; quelquefois même je soupe avec lui, ou je fais semblant de souper.
Vous savez sans doute quelle foule de princes et de princesses de Savoye et de Lorraine est venue à Lausane et à Geneve, les uns pour Tissot, les autres pour se promener. Les évêques ne sachant que faire dans leurs diocèses y viennent aussi. L’évêque de Noyon loge à Lausane dans une maison que j’avais achetée et que j’ai revendue, il y donne à souper aux ministres du saint évangile et aux dames.
On fait actuellement à la Haïe une seconde édition de l’ouvrage posthume d’Helvetius. Elle est dédiée à l’impératrice de toutes les Russies; cela est curieux.
Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.
V.
ce 2e août 1773