23e avril 1773, à Ferney
Vôtre Lettre du 10 avril, m’aprend, Monsieur, que vous n’aviez point reçu encor les loix de Minos.
Cependant au commencement de ce mois je vous avais envoié cet ouvrage très exactement corrigé, et la poste de Lyon s’était chargée de vous le faire parvenir, mais j’avais encor suplié M: Le Maréchal de Richelieu à qui il est dédié, de vouloir bien vous en faire tenir un éxemplaire. Je doute fort que Monsieur le Maréchal vous l’ait envoié, mais je suis à peu près certain que celui de Lyon est actuellement entre vos mains. Pour plus grande sûreté, je vous en fais parvenir un nouveau que je recommande encor à la poste de Lyon, et qui poura vous être rendu sans passer par Paris. L’éloignement des lieux, et les entraves que l’on met à toute correspondance, sont la cause de tous ces retardements, et très souvent de la perte des paquets.
Il ne tiendra qu’à vous de faire imprimer les loix de Minos à Bordeaux. Ce sera peut être un petit dédommagement du peu de profit de la représentation.
Je n’ai nul commerce avec Pankouke. Chacun imprime mes ouvrages comme il lui plait. Je me regarde comme un mort dont on vend la garderobe. Je sens cependant que je suis encor un peu en vie par les sentiments de la véritable estime avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire