1772-11-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

Je Vous suis bien obligé, mon cher correspondant, de m’avoir envoié la réponse d’Horace.
Elle est vraiment de lui ou de Mr de La Harpe. Je le remercie de tout mon cœur quoi qu’en prose. Je ne suis pas en train de faire des vers; Made Denis a été attaqué d’une dissenterie qui m’a fort inquiété.

Je n’avais point entendu parler au pied de mes Alpes de ce brave homme qui soulage la curiosité du prochain régulièrement pour une somme honnête. J’aurai l’honneur de m’adresser à lui. J’en ai déjà un qui m’envoie des nouvelles, mais il n’entre pas dans de grands détails.

Je croiais que vous m’aviez prédit des siflets, ou quelque chose d’aprochant; car je me les étais bien prédits moi même; et nous sommes ordinairement du même avis.

J’ai bien peur que les ciseaux de la police n’aient coupé le nez à Minos. Quelques bonnes gens auront substitué des vers honnêtes à des vers un peu hardis, et c’est encor un nouvel encouragement à la siflerie, car vous savez que ces vers si sages sont d’ordinaire fort plats et fort froids.

Vale.

V.