ce 12 [23 n.s.] Sept: 1772
Monsieur, J'ai à Vous annonçer en réponse à Votre lettre du 21 d'Auguste, que je m'en vais comencer avec Moustapha une nouvelle correspondance à coup de Canon: il lui a plu d'ordoner à ses Plénipotentiaires de rompre le Congrès de Fokchany, la trève finit avec lui.
S'est apparement l'ami qui a ce département là qui Vous dit cette nouvelle. Je Vous prie de m'instruire, de ce que font les autres amis qui Vous me donés tandis que je pense à Moustapha, il m'a toujour paru que je n'avois à la fois qu'une idée. J'espère qu'au moins Messieurs les Théologiens me feront un compliment en Cérémonie au premier Concile universel où je présiderai pour avoir soutenu leur opinion en cette occasion.
Je suis bien fâchée de ce que Vos Cèdres n'ont point germés, s'il Vous reste des fêves je Vous conseille de les faire semer cet automne et Vous les verrés sortir de terre le printems prochain. Je crois qu'il faut ranger le Château que les Dames Polonaises prétendent bâtir aux Officiers français engagés au service des prétendu Confédérés au nombre de beaucoup d'autres bâtimens pareil élevé dans l'imagination de l'une et de l'autre nation depuis plusieurs années, et qui se sont évaporées en particules si subtiles que personne ne les a pu apercevoir. Il n'i a pas jusqu'aux miracles de la Dame de Czestachow qui n'ayent eu ce sort depuis que les moines de ce Couvent se trouvent en Compagnie d'un beau régiment d'Infanterie Russe qui occupe présentement cette forteresse. On ne Vous a point trompé Monsieur, l'orsqu'on Vous a dit que j'ai augmenté ce printems d'un cinquième la paye de tous mes offiçiers Militaires depuis le Maréchal jusqu'à l'enseigne. J'ai achetée en même tems la Collection de Tableaux de feu Mr de Crosat, et je suis en marché d'un Diamant de la grosseur d'un œuf. Il est vrai qu'en augmentant ainsi mes dépenses d'un autre côté mes possessions ce sont aussi un peu accru, par un accord fait entre la Cour de Viene, le Roy de Prusse et moi, nous n'avons point trouvé d'autres moyens pour garantir nos frontières des incursions des prétendus Confédérés dirigés par les Offiçiers français que de les étendre. La Cour de la Dwina et du Boristhene dont j'ai fait prendre possession ses jours çi fera cet effet. Ne trouvés Vous pas raisonable que ceux qui ferme l'oreille à la raison paye les violons? J'ai ordonée de faire venir le Comédien dont Vous me parlés. Lorsque Votre Baron de Pellemberg sera arrivé je Vous en parleré. Adieu Monsieur, souvenés Vous de moi en bien et soyés assurés du sensible plaisir que me font Vos lettres, Vous pourriés m'en faire un plus grand encore, ce seroit de Vous porter bien en dépit des années.
A propos que dite Vous de la révolution arrivée en Suede? Voilà une nation qui perd dans moins d'un quart d'heure sa forme de gouvernement et sa liberté. Les Etats entouré de troupes et de Canons ont délibéré vingt minutes sur cinquante sept points, qu'ils ont signés come de raison. Je ne sai si cette violence est douçe, mais je Vous garanti la Suede sans liberté et le Roy de ce pays aussi Despotique que celui de France, et cela deux mois après que le Souverain et toute la nation s'étoit juré réciproquement la stricte conservation réçiproque de leurs droits. Le père Adam ne trouve t'il pas que voilà bien des conçiences en danger?