Nous touchons, mon cher ange, au grand anniversaire de la st Bartelémi.
C’est une belle époque. Voicy un bouquet qu’on m’a envoié pour cette fête. Il me semble qu’on ne peut tirer un parti plus honnête de cette belle époque. L’abbé De Caveyrac en saura quelque gré à l’auteur.
Il me semble que Lekain avait quelque envie d’essaier une promulgation des loix de Minos à Bordeaux. Il m’en a fait écrire par le directeur de la troupe. J’ai été éffraié de la proposition, et j’ai fait de fortes remontrances contre les Loix. Je me flatte toujours, car on aime à se flatter, que nôtre avocat, à force de limer son plaidoier, le rendra un peu suportable pour Fontainebleau. Il commence à être moins mécontent de lui, et il ne croit pas qu’il y ait une seule ligne qui puisse allarmer la police. Il la croit bien plus ébourifée de l’avanture du procureur et du commis pousse-cu qui ont été mis en prison au sujet des Dujonquai. C’est une étrange affaire que ce procez là. Je vous prie de lire cette seconde édition de l’essai sur les probabilités; elle est beaucoup plus ample que la première, et je me crois, pour le moins, égal à maître Petit-Jean.
Mille tendres respects à mes anges.
14e auguste 1772
Du 15e
J’ai le bonheur d’avoir chez moi Mr le chevalier de Buffavan, et par malheur c’est pour peu de tems. Je suis bien indigne de sa conversation, car je suis très malade.