4e 7bre 1771, à Ferney
Croiez, mon cher président, que tout en badinant je m’intéresse avec sensibilité au bonheur de Madame vôtre fille et au vôtre.
Je vois l’ancienne magistrature, non pas anéantie, mais réformée, et comme on ne réforme de bonnes troupes qu’à la paix, je pense que la paix de l’état ne sera point troublée par ces nouvelles dispositions. Monsieur Vôtre fils, conseiller au parlement, sera sans doute conservé dans son beau régiment.
Je vous fais d’ailleurs mon compliment de vous amuser à faire de jolis vers. Les belles lettres contribueront toujours aux agréments de vôtre vie. Je voudrais passer les restes de la mienne avec vous. Mais condamné à souffrir sans relâche je suis condamné aussi à ne point quitter ma retraitte.
Si vous voiez Monsieur de La Marche je vous prie de le faire souvenir de ses anciennes bontés pour moi, et de me conserver les vôtres.