le 21e mars 1771
Toujours mille très humbles grâces mr de vos soins si officieux & si zélé pr le bien de notre Typographie.
La négligence du comis chargé de nos expéditions a été cause que mr de Voltaire n’a pas reçu plutôt nôtre 3e vol: des Questions. J’ay pris la liberté de lui en addresser un hier avec une lettre dans laqu’elle j’ose le suplier de vouloir bien donner de l’ocupation à nos presses. J’ay été surpris en aprenant que ce seul 4e vol: étoit sorti jusques à présent de celle de mr Cramer tandi qu’on m’avoit assuré que les 2 suivants alloient paroitre dans peu. Mais ma surprise a cessé dès que j’ay sçu qu’il s’étoit chargé de l’impression du nouveau Dicte encyclopédique calqué sur la 1èreédition de Paris avec des suplémens. Dès là on ne doit pas être étonné que pendt ces 3 derniers mois il n’ait fourni qu’un vol: mais l’inconvénient essentiel qui ne manquera pas d’en résulter, c’est que le public en verra que plutost qu’il ne l’auroit dû cet ouvrage destiné à l’éclairer sur des objets très interressants à moins que les bontés dont mr de Voltaire nous honore ne lui inspire le moyen d’y parer en nous mettant en situation de faire paroitre les vol: suivants avec une célérité proportionnée à l’impatience avec laqu’elle on les attend. Il est clair que mr Cramer ne veut pas se géner à cet égard parce que toute son édition étant placée les délais ne peuvent lui porter préjudice. C’est une considération que je vous prie mr de mettre au pied de notre illustre Patron avec mes homages respectueux. On me marque de Paris qu’il va paroitre dans peu une nouvelle tragédie de cet autheur aussi infatigable que célèbre. Serions nous assés heureux pr que le soin de l’imprimer nous fût remis de préférence? Pardon mr des peines que je vous done. Je me flatte d’être un jour à même de vous marquer & ma reconoissance & parf: dévouement.