1770-10-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

J’adressai par la dernière poste à mon cher philosophe correspondant un petit paquet pour le graveur de Henri 4, de Louis 14 et de leur barbouilleur.

Voicy maintenant deux paquets, l’un pour Mr Caperonier, et l’autre pour un phisicien qui n’est point du tout de l’avis de Mr de Buffon sur les coquilles et sur les montagnes. J’ai pris aussi la liberté de demander la feuille de l’âne littéraire où une certaine édition est annoncée. J’ai poussé l’indiscrétion jusqu’à demander encor les mémoires de Russie par le général Manstein. C’est un peu abuser de vos bontés; mais puisque je suis en train, j’insiste pour savoir s’il est vrai qu’on a arrêté Mr Du Paty, L’avocat général de Bordeaux. Je m’y intéresse infiniment.

J’ai lu enfin les Canaux et les lettres de Mr Linguet. Cet homme est intrépide, il traitte Cicéron comme le dernier des hommes, et n’est en rien de l’avis de personne. Paris a donc aussi son Jean Jaques, mais puisqu’il n’est que parisien il n’aura jamais autant de Vogue à Paris qu’un étranger.

Je vous ai envoié aussi un reçu de Chirol. Voilà tout. Le pauvre malade vous embrasse de tout son cœur.