1770-10-20, de Catherine II, czarina of Russia à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, Vous aimés les belles âmes, voyés comme celle du Cte: Alexis Orlof s’est peinte dans la réponse qu’il a faite aux consuls chrétiens de Smirna.
Je suis persuadée que Vous serés content de lui. L’imprimé si joint la contient. Aije tort quand je dit que ses gens là sont nés pour les grandes choses?

Vous me demandés dans Votre lettre du 21 septembre si le général Totleben s’est emparé d’Erzerum? Je Vous ai informée je pense que sa dernière conquête que je sache étoit la Ville de Cotatis. On ne va pas si vite en guerre parcequ’il faut faire deux repas par jour, et que pour que cela se fasse il faut ou avoir ou trouver de quoi. Je veux sincèrement la Paix, non pas parce que les ressources me manque pour faire la guerre, mais parce que je hait l’efusion du sang humain. Si Monsieur Moustapha veut faire l’opiniâtre j’espère qu’il nous trouvera l’année qui vient partout où nous pourrons lui persuader qu’il vaut mieux céder aux circonstances pour sauver son Empire, que de pousser l’entêtement jusqu’à l’extrémité.

Les Grecs, les Spartiates, ont bien dégénéré, ils aiment la rapine mieux que la liberté. Ils sont perdus à jamais s’ils ne profitent point des dispositions et des conseils du héros que je leur ai envoyé. Je ne parle point des Venitiens. Je trouve qu’il n’i a que le pape et le Roy de Sardaigne qui aye du mérite en Italie. Soyés assuré monsieur qu’on ne sauroit sentir plus de satisfaction que j’en ressent chaque fois que je reçois de Vos lettre, elles contienent tant de témoigna[ges] de Votre amitié que je ne puis que Vous en être très obligée.

Caterine

Dans ce moment on vient de m’aporter la nouvelle que Belgorod, en turk Akkermann, sur le Dnester, s’est rendu le 26 sep: n: st: par Capitulation. Vous entendrés bientôt parler de Votre Brailow je pense.