1 Oct. 1770

Vous n'avés à ce que je vois, Monsieur, pas plus entendu ma lettre que M^r de Laleu.
Il faut donc que je me répète et à son égard ce sera pour la 4^e fois. Le 18 aoust je lui envoyai deux louis pour la souscription de la statue de M. de Voltaire, et un papier où il y avoit quelques vers à la louange de M. de Voltaire destinés à mettre au bas de son portrait, en priant M. de Laleu de mettre au bas de ce papier son reçu de deux Louis; Il ne m'envoya point de reçu et garda les 48^lt. Je m'en plaignis par un autre billet, et je réitérai ma prière en lui envoyant une nouvelle copie des vers, et lui marquant que bien qu'il me parût qu'il ne courait aucun risque à m'envoyer un reçu d'une somme qu'il avoit touchée, je me contenterois d'un parafe aulieu de sa signature. Il me fit écrire un billet par lequel il me marquoit, qu'il n'avoit pas donné de reçu parce qu'il avoit été expressément convenu qu'il ne recevroit de souscription que de ceux qui se feroient connoitre. Le voilà bien disculpé de n'avoir pas donné son reçu, mais très mal d'avoir gardé l'argent puis que de son aveu il ne devoit pas le recevoir d'un inconnu. Sur cette réponse j'ai récrit une troisième fois à M^r de Laleu et vous ai adressé ma lettre pour la lui porter. Je le priois pour la 3^e fois de m'envoyer un reçu parafé de mes 48^lt ou de me rendre mon argent. Il n'a fait ni l'un ni l'autre, et pour toute réponse vous me mandés une longue histoire qu'il a promis de ne rien recevoir de M^r Freron et Palissot. Je ne suis ni l'un ni l'autre, mais je demande un reçu parafé ou mes deux louis. Cela est clair. Je ne les ai envoyés qu'à cette condition là. Il est bien singulier que cela occasione une si longue discussion. Je vous prie de lire ma lettre à Monsieur de Laleu et de m'envoyer son reçu tel que je le demande ce qui n'auroit dû faire aucune dificulté ou les deux louis qu'il n'auroit pas dû recevoir à ce qu'il assure. Il en sera quite pour rayer l'article sur son livre. Aparemment qu'il pense que son parafe que je demande exposeroit son honeur ou sa fortune.