1770-06-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Frédéric Gabriel Christin.

Mon cher petit philosophe, nous avons donc été malades éloignés l'un de l'autre, et c'est ce qui m'afflige doublement.

Il est vrai que le Libraire de Genêve avait vendu quelques éxemplaires, quoi qu'il n'en dût pas vendre. On a pris alors le parti d'en faire une nouvelle édition. Vous verrez combien elle était nécessaire par la copie de ma Lettre à mr De Clery. Vous verrez combien on crains que vous ne soiez renvoiez au parlement de Bezançon. Je frape à toutes les portes pour parer ce coup qui serait funeste aux habitans.

Il me semble qu'il y a un ancien édit qui porte, nulle servitude sans tître. N'est-ce pas au Roy d'expliquer cet édit émané de l'autorité roiale?

Bonsoir, mon cher philosophe, je vous embrasse bien tendrement.

V.

On vous envoie quelques exemplaires de la nouvelle fournée qui poura adoucir un peu les chanoines.

Le sr Bavard, dont vous me parlez, a voulu sans doute faire sa cour à ses maîtres aux dépends de ses concitoiens.