17e juin 1770, à Ferney
Monsieur,
Les gens qui viendront s'établir chez Raffo, demanderont un ordre de vous, et en passeront par ce que vous ordonnerez pour les loiers.
Si Raffo fait de mauvaises difficultés comme il en est très capable, je pense qu'alors vous ferez très bien d'exécuter les ordres de la cour.
Je compte, Monsieur, que vous ne manquerez pas, vous et Mr De Caire, de représenter au ministre le danger qui résulterait du peu de facilité que donnent les fermiers généraux. Le très petit profit qu'ils pouraient faire éffaroucherait infailliblement les émigrans qu'il faut aprivoiser. Nous avons tout lieu d'espérer qu'un mot de M: Le Duc De Choiseul les engagera à préférer le bien public à un si vil et si chétif intérêt. Nous comptons sur une vingtaine de familles nouvelles dès que les maisons seront bâties. Ces établissements dans le païs, produiront beaucoup aux fermiers généraux, et une véxation mal entendue ne produirait prèsque rien. Je ne m'oublierai pas dans cette occasion auprès de M: Le Duc. Je suis d'ailleurs à vos ordres en tout.
J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus respectueux
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire