1770-06-12, de Pierre Michel Hennin à Voltaire [François Marie Arouet].

Je garderois mes grâces et mes créanciers attendront.
Je ne vous en suis pas moins obligé de la bonne volonté avec la quelle vous vous êtes porté à me rendre service à cette occasion.

Si L'assignation a été postée à Ferney par l'huissier des magnifiques seigneurs c'est une chose contraire au droit public et dont je vous assure que je parlerai si sèchement qu'on ne s'avisera pas d'y revenir. Si dans une affaire que le sr Dufour peut avoir à Geneve on l'a assigné à son ancien domicile comme il n'a pas renoncé à son droit de cité c'est à lui à s'expliquer visàvis du magistrat. Je vous prie de m'éclaircir. J'ai besoin de renseignements sur ce point pour le joindre à d'autres. Il est très vrai que je n'ai pas à me louer de la manière dont on rend justice à Geneve aux sujets du Roy. J'en ai écrit à M. le Duc et je ne doute pas qu'il ne fasse sentir à ces messieurs son mécontentement. Mais en matières civiles je n'ai visàvis d'eux que la voye de la Recommandation.

Ils ont jugé avanthier de la manière la plus ridicule et la plus injuste le fait d'un âne blessé par un postillon de st Genis. J'ai été violemment tenté de leur en faire une avanie, mais la plaisanterie n'est pas de notre ressort. Je vous recommanderois cette affaire si elle pouvoit vous amuser. Il y auroit une requête fort plaisante à faire sur ce jugement.

Ne croyez pas au reste M. que je puisse faire pour les affaires particulières tout ce que je voudrois. Avant de s'avancer il faut être sûr d'être soutenu sans quoi on risque de faire plus de mal que de bien. Ceci n'est pas fait pour être traité par écrit. J'aurai l'hr de vous en entretenir un de ces jours.

Ma sœur qui a été incommodée et qui commence à se guérir a été très sensible à votre souvenir. Nous irons dès qu'il nous sera possible profiter de quelques uns des moments que vous donnez au repos.