A Berlin, le 8 octobre [1743]
J'ai reçu vos deux lettres en revenant de la Franconie à la suite d'un roi qui est la terreur des postillons comme de l'Autriche, et qui fait tout en poste.
Il traîne ma momie après lui. Je n'ai que le temps de venir vous dire un mot. Jodelet prince est entouré de rois, de reines, de musiques, de bals. Le roi de Prusse daigne en quatre jours de temps faire ajuster sa magnifique salle des machines, et faire mettre au théâtre le plus bel opéra de Metastasio et de Hasse, le tout parce que je suis curieux. Jodelet prince s'en retourne après ce rêve être à Paris Jodelet tout court, être berné et écrasé comme de coutume; mais il ne s'en retournera pas sans s'être jeté aux pieds du roi en faveur de son ami Thiriot et sans avoir obtenu quelque chose: ce ne sera pas assurément le fruit le moins flatteur du plus agréable voyage qu' on ait jamais fait. L'amitié qui me ramène à Paris est toujours à Berlin la première divinité à qui je sacrifie.