A Ferney, 11 juin [1770]
En vérité, monsieur, vous travaillez pour l'honneur de la France, en prose comme en vers.
Plus d'une ancienne maison du royaume vous a de très grandes obligations, mais les lecteurs ne vous en ont pas moins. Vous avez bien mérité du public en tout genre. Les Duchêne et les Dupuits n'ont jamais mieux discuté que vous en généalogie. Les Couci vous devront leur illustration par vos recherches comme par votre tragédie.
Il est bien naturel, quand tous les Français vous doivent de la reconnaissance, que le maraud de Quimpercorentin soit le serpent qui ronge votre lime. Celui qui fait honneur à nôtre littérature doit avoir pour ennemi celui qui en fait l'opprobre. Il est bon que vous connaissiez l'extrait d'une lettre de son beau-frère. Vous verrez qu'un homme qui fait un métier aussi infâme ne peut être qu'un scélérat. J'aurais voulu joindre à cet extrait des anecdotes qui m'ont été envoyées de Paris sur ce misérable; je tâcherai de vous les faire parvenir bientôt. Oportet cognosci malos.
Le triste état de ma santé m'empêche de vous en dire davantage. Digilo probos.