1761-01-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Je vous prie mon cher Gabriel de m'envoyer quatre douzaines d'exemplaires de ce mémoire.
Il est d'une importance extrême. Il faut exciter le cri du public et que ce cri réveille les juges. On se plaint baucoup du procureur du roy. Le mémoire le fera rougir et la crainte luy fera faire son devoir. On sait assez à qui le curé de Moens donna de l'argent quand il se fit résigner cette cure par son prédécesseur mourant. Le mémoire est nécessaire pour l'évêque et pour le public, s'il ne l'est pour les juges. Opportet malos cognosci. D'ailleurs, remarquez que Croze père ne fait que rapporter ce qu'on luy a dit, et que son mémoire est entièrement conforme à ma déposition et à celle de la veuve. Je vous conjure de presser.

Quand vous pourez m'envoyer les épreuves de Tancrede et compagnie vous me ferez plaisir.

Ayez la bonté de me renvoyer la minute signée de Croze.