1761-01-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Mon cher Gabriel chacun a ses raisons.
Prêtez vous un peu aux raisons de votre ami. Je ne vous parle pas de la contradiction qui se trouve à imprimer frelon et à mettre modestement un f. dans la même page comme si le nom d'un coquin était plus respectable dans une ligne que dans une autre.

Je vous parle du pauvre diable, du russe et de la vanité que je veux imprimer à la fin du seul volume où ces pièces puissent convenir. Ce volume qui contiendra Tancrede, Fanime etc. ne doit renfermer que des choses sérieuses et instructives. Tout doit être à sa place. Je vous prie instamment de me faire le petit plaisir que je vous demande.

Mr votre frère prétend que plusieurs ballots du volume sont déjà partis pour les pays étrangers — à la bonne heure. Ces pays m'importent fort peu. Un grec ne se soucie que d'Athenes.

J'attends la dernière épreuve de Tancrede. Le corpus poetarum viendra quand il poura. C'est le dernier de mes besoins car il ne s'agit que de citer Ausone et Rutilius dans la préface de la pucelle.