Ceux qui vous disent, madame, que m. de Voltaire ne vous protège plus vous trompent bien fort; il n'abandonne pas ainsi ce qu'il a commencé, surtout quand il s'agit des malheureux.
Il a envoyé, il y a environ six semaines, quinze louis à votre père, outre les quinze qu'il lui avait fait toucher ci-devant. Il est vrai que votre père n'a pas daigné l'en remercier et ne lui a pas écrit depuis quelques jours après être sorti de prison, et vous m'avouerez que cela n'est pas trop bien suivant moi. M. de Voltaire n'en a des nouvelles que par ses amis de Toulouse qui protègent votre père. L'avocat vient de finir un mémoire. Votre père doit jouir à présent de son bien; mais il veut obtenir une entière satisfaction au parlement.
Bon jour madame, je fais mes compliments à votre sœur et à vous; ayez encore un peu de patience.
Wagniere
A Ferney, 19 may 1770