6 janvier [1770]
Le vieux malade de Ferney remercie bien tendrement monsieur De La Tourette.
Une traduction de la Henriade est une preuve que les Italiens sont convertis. Vous pouviez très bien, monsieur, m'envoyer cette traduction par la poste. M. Vasselier s'en chargerait très volontiers. Pour le riflessioni di un Italiano soprà la chiesa, je ne l'ai point, et vous me ferez plaisir de me faire avoir cet ouvrage.
Il est très vrai qu'on commence à parler bien haut en Italie, et surtout à Venise. Tous les esprits des honnêtes gens sont éclairés, et toutes les mains prêtes à fracasser l'idole. Il ne s'agit plus que de trouver quelque brave qui donne le 1er coup. On m'a dit que m. de Firmian est instruit et hardi, et m. de Tanucci instruit mais un peu timide. Il a osé prendre Bénévent, qui n'appartient point au roi de Naple, et n'a pas osé prendre Castro qui lui appartient.
Made Denis est aussi sensible qu'elle le doit à votre souvenir; Dupuits est à sa campagne; il vous conserve toute l'amitié qu'on a pour vous dès qu'on vous a connu. C'est ainsi que j'en use. Conservez moi des sentiments qui me sont bien chers et agréez l'inviolable attachement du pauvre vieillard.
V.