8e 9bre 1769
J'attends ces jours cy, Monseigneur, les souvenirs de made De Caylus.
En attendant j'ai l'honneur de vous envoier cette nouvelle édition des Guebres dont on dit que la préface est curieuse. Comme vous êtes actuellement le souverain des spectacles j'ai cru que celà pourait vous amuser un moment dans vôtre royaume.
Je ne vous envoie jamais aucun des petits livrets peu ortodoxes qu'on imprime en Hollande et en Suisse. J'ai toujours pensé qu'il m'apartient moins qu'à personne d'oser me charger de pareils ouvrages, et surtout de les envoier par la poste. Je n'ai été que trop calomnié. Je me flatte que vous aprouvez ma conduite.
Made Denis m'a assuré que vous me conservez les bontés dont vous m'honorez depuis cinquante ans. J'ai toujours désiré de ne point mourir sans vous faire ma cour pendant quelques jours, mais il faudra que je me réduise à consigner cette envie dans mon testament, à moins que vous n'alliez faire un tour à Bordeaux l'été prochain, et que je n'aille aux eaux de Barège; mais qui peut savoir où il sera et ce qu'il fera? Mon cœur est à vous, mais la destinée n'est à personne; elle se moque de nous tous.
Daignez agréer mon tendre respect.
V.
Oserais-je vous suplier, Monseigneur, d'ordonner qu'on joue à Paris les Scythes? Je n'y ai d'autre intérêt que celui de la justice. Les comédiens ont tiré dixhuit cent francs de la dernière représentation. Je ne demande que l'observation des règles. Pardonnez cette petite délicatesse.