1769-08-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Michel Antoine Servan.

Voici un jeune homme à qui je porte envie,non parce qu'il est dans la fleur de l'âge et que je suis très vieux, non parce qu'il a de la santé et que je suis très malade; mais parce qu'il aura l'honneur de vous faire sa cour: c'est m. Mallet-Dupan, d'une ancienne famille de la magistrature de Genève.
Il sait que c'est à Crenoble qu'il faut aller pour voir l'honneur de la magistrature; il est un de ceux qui respectent le plus la vraie vertu et la vraie éloquence. Je prends la liberté, monsieur, de vous le présenter pour me consoler du malheur d'être éloigné de vous. Agréez les sentiments que je vous ai voués pour le reste de ma vie. Personne n'est plus sensible que moi à vos grands talents et à vos bontés. Je me flatte que votre santé vous permet de vous occuper de l'important ouvrage que vous avez commencé; vous rendrez à la France un service dont elle a grand besoin.

J'ai l'honneur d'être avec respect, monsieur, etc.

Voltaire