1769-08-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques de Rochefort d'Ally.

Nous vous remercions, monsieur, ma famille et moi, des bontés dont vous ne cessez de nous honorer.
Nous nous réjouissons beaucoup que mad. votre femme soit en train de vous donner un enfant, qui vous ressemble. Nous ne voulons point fatiguer m. votre frère l'abbé de trop de lettres. Nous l'avons remercié deux fois de la protection qu'il nous accorde, et il nous a toujours répondu très gracieusement. Nous comptons toujours sur sa faveur.

Nous avons aussi reçu des lettres de m. et made Bigot ainsi que de sa sœur, nous croyons même vous l'avoir mandé. Mais ce qui serait pour nous d'une très grande importance, ce serait de savoir si m. Anjoran a donné à madame votre cousine un petit paquet que je lui ai envoyé pour elle. J'ai mandé à m. Anjoran combien vous l'aimiez. Vous pourrez lui parler à cœur ouvert sur ce paquet et sur les bonnes intentions que made votre cousine semble avoir pour moi. Il en pourrait résulter des choses qui me mettraient à portée de vous témoigner plus souvent de vive voix combien je vous suis dévoué.

Nous avons vu à Lyon la tragédie des Guebres; elle nous a paru très utile pour la réforme des mœurs et pour la destruction des préjugés. Il est bien à désirer qu'elle soit jouée, mais elle ne le sera point à moins que tous les honnêtes gens n'élèvent leur voix en sa faveur. Vous êtes fait pour conduire les plus gros bataillons de cette armée. On espère que les ennemis ne pourront pas tenir devant vous.

Je vous présente mes respects, ainsi qu'à made la comte de Rochefort. Votre très humble et obéissant serviteur

Couturier