1769-07-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Chrysostome de Larcher, comte de La Touraille.

Vraiment, Monsieur, je ne savais pas l'honneur que vous m'avez fait, et l'obligation que je vous ai.
Vous écrivez des lettres charmantes à des pédants, et après vous être fait tailler avec tant de courage vous vous amusez à venger la pauvre innocence oprimée. Vous rendez justice à la mémoire de mon cher oncle l'abbé Bazin; je le verrai bientôt, et je lui dirai ce que vous avez daigné faire pour lui; il y sera sensible, vous savez que les morts sont bien moins ingrats que les vivants.

Je ne sais pourquoi on s'obstine parmi les vivants à m'attribuer l'histoire du parlement. Il est juste que je prenne la liberté de vous confier ce que je pense sur cet ouvrage dont l'impression est je vous assure un grand mistère d'iniquité. Voicy la copie de la Lettre que j'ai écrite à Mr Marin, Secrétaire général de la Librairie. Vous vous êtes fait mon chevalier, vous voilà engagé par vos bienfaits; ajoutez, Monsieur, à toutes les grâces dont vous me comblez celle de me mettre aux pieds du digne petit fils du grand Condé.

Comptez, Monsieur, jusqu'au dernier moment de ma vie sur le tendre respect de l'hermite des Alpes.