à F . . . 5 may [1769]
Le jeune homme, Monsieur, qui est auteur des deux Frères, et qui est aussi magistrat dans son tripot de Province, a été un peu surpris que le Châtelet ait jugé ces deux Frères à mort.
Il se peut faire que le Châtelet se connaisse mieux en vers que lui; mais la sentence paraît un peu dure. Quel est donc ce Monsieur de Launai qui a tout l'air d'avoir la plus grande part à cette sentence et qui écrit des lettres si impérieuses? Je suis persuadé que si les fiacres avaient une jurisdiction dans Paris, leur greffier terminerait ses lettres par les mots: Tel est notre plaisir.
Voici un petit mot de Requête civile dont vous pouvez vous aider en cas de besoin. Peutêtre serait-il convenable de le faire lire à Monsieur de Sartines, uniquement pour votre justification. Le jeune homme serait fort curieux de savoir les motifs de l'arrêt rendu par le parc civil.
On dit que Monsieur le chancellier est fort tenté de rappeller à son autorité cette partie de son ministère qui y a toujours été attachée, en ce cas vous auriez tout le crédit que vous devez avoir et la littérature s'en trouverait bien.
Il y aurait peutêtre de la fatuité à vous présenter cette médaille; mais l'amitié ne peut être ridicule.
Un avocat nommé Monsieur Marchand, m'a écrit qu'il possède un cabinet de cinq mille médailles et qu'il veut en avoir cinq mille et une. Il m'apprend qu'il demeure chez Monsieur Pasquier, conseiller de grand'chambre, qu'il a soupé chez Monsieur de Sartines avec un de mes parens et que parconséquent je dois lui envoyer cette médaille dont on lui a parlé. Si jamais vous le rencontrez à souper chez Monsieur de Sartines, je vous prie de vouloir bien lui faire rendre ma réponse et ma médaille que je prends la liberté de faire insérer dans ce paquet. Je vous demande bien pardon.
V.