[c. 15 November 1768]
J'ai lu, monsieur, avec la plus grande attention et le plus grand plaisir les quatre volumes du siècle de Louis XIIII et de Louis XV, dont vous avez bien voulu me faire présent.
Je sens le prix de tout ce qui sort de votre plume. Vous avez traité avec une précaution favorable, pour moi, les trois articles dont vous me parlez dans votre lettre; j'en suis sensiblement touché. Vous avez appuyé sur les inconvénients des armées combinées et sur la difficulté de réunir et concilier les esprits des officiers du second ordre, quand deux généraux partagent le commandement. Vous avez bien raison, je me suis trouvé dans le cas d'éprouver plus que personne de pareils embarras et les suites malheureuses ou désagréables qu'ils entraînent après eux. J'en excepte cependant la dernière campagne faite avec mr le mal D'Estrées. Nous avons toujours vécu et agi dans la plus parfaite intelligence, mais je ne persiste pas moins à penser qu'une armée doit être menée par un seul chef et qu'il faut lui éviter toutes les entraves qui peuvent mettre de l'incertitude dans ses opérations.
Votre ouvrage, monsieur, joint à l'agrément du style les réflexions les plus solides et un air de vérité qui persuade. Il fera toujours les délices des personnes qui aiment à l'entendre et à la suivre.
Pendant le séjour que les officiers de mon régiment ont fait dans votre voisinage, ils ne m'ont pas laissé ignorer les politesses dont vous les avez comblés et les amusements que vous leur avez procurés. Je partage leur reconnaissance et je désire vivement me trouver à portée de vous en offrir quelques preuves essentielles.
Vivez longtemps, monsieur; jouissez de votre gloire et rendez bien justice aux sentiments très distingués avec lesquels je serai toute ma vie,
Monsieur,
Votre &ca, &a.