à Ferney 12e 9bre 1768
Mon âge et mes maladies, Madame, ne me permettent pas toujours de répondre bien éxactement aux lettres qu'on me fait l'honneur de m'écrire; mais la vôtre m'a fait un plaisir extrême.
Je sais bien bon gré à Madame Duvoisin de vous avoir donné un petit fils. Je souhaitte qu'élevé par son père et sous vos yeux il devienne un ministre éloquent qui enseigne la tolérance aux hommes. Cette divine tolérance sera mieux reçue dans sa bouche que dans toute autre. Ce sera le fils de Caton qui prêchera la liberté. Je souhaitte à sa mère et à sa grandmère du fond de mon cœur des jours heureux dont elles sont si dignes. J'embrasse toute vôtre famille qui me sera prétieuse jusqu'au dernier moment de ma vie. J'ai l'honneur d'être avec ces sentiments, Madame, vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire