24e auguste 1768
Le vieux philosophe fait mille tendres compliments au philosophe entre deux âges.
Il le plaint beaucoup d'être réduit au malheureux métier auquel il est si supérieur par son esprit et par [ses] lumières. Mais ce serait une grande consolation [pou]r le genre humain si ses confrères pouvaient [lui re]ssembler, et substituer comme lui la morale [aux a]bsurdités.
Mylord Bolingbroke a écrit en anglais; il faut que chacun parle selon son caractère. Les uns font des catilinaires, les autres des satires de Pétrone, quelques uns des épigrammes de Martial.
Lorsqu'on a l'horreur et la démence à combattre il faut tantôt porter dans les esprits la plus vive indignation, et tantôt emploier la plaisanterie. Il y a des monstres qu'il faut attaquer de tous les côtés, et même par le ridicule.
Peut être a t-on bien fait, Monsieur, de punir vôtre yvrogne. Il n'apartient pas à un pareil gueux d'avoir raison. Il faut peut être que la canaille respecte ce qui n'est fait uniquement que pour la canaille. Le tort de ce pauvre diable est, ce me semble, d'avoir dit publiquement en 1768 ce qu'il ne sera permis de dire qu'en 1778. Ce n'est qu'une [erreur] de chronologie.
On est bien véritablement attaché [à celui] qui a fait le voiage; on l'aime aut[ant.]