1768-04-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Mon cher Caro, j'ai reçu les estampes.
Ce sont assurément de très belles enseignes à bière. Je vous plains bien d'avoir fait cette malheureuse dépense, et je me flatte que le siècle de Louïs 14 et de Louïs 15 vous dédommagera. J'ai mandé à l'ami Pankouke, qu'il pourait inviter dans les journaux à fournir des mémoires sur tous ceux qui se sont distingués dans le siècle présent; mais j'ai oublié de lui dire qu'il ne faudra faire cette invitation que quand le livre aura pris un peu faveur. La précipitation gâterait tout. L'empressement d'offrir l'in 4. et d'envoier par tout des billets n'a déjà été que trop préjudiciable. Je vous aime, caro, et je serais au désespoir que des mesures mal prises nuisissent à vos intérêts.

Aureste, il est éssentiel pour moi que le Siècle de Louïs 15 soit achevé incessamment, la négligence de vos ouvriers me retient en prison chez moi, et m'empêche de faire un voiage dont je ne puis me dispenser tout malade que je suis.

Je vous embrasse de tout mon cœur.