à Geneve le 13 mars 1768
Je suis accoutumé monsieur, à entendre redire vingt fois en un jour le même mensonge par différentes personnes dignes de foy.
Aussi ne me pressaije pas de croire les choses les plus probables. Celle qui m'engage à avoir l'honneur de vous écrire, n'est pas de ce nombre, mais il m'importe beaucoup de l'éclaircir. On a assuré hier ici Monsieur que vous vouliez vendre Ferney, que même plusieurs Genevois y pensoient. En conséquence une Personne avec qui je suis fort lié ici m'a offert d'en traiter avec vous argent comptant. J'ai rejetté très loin cette idée, enfin on m'a prié instament de sçavoir si vous étiez dans l'intention de vendre cette terre, et je prends le parti de m'en informer à vous même. Je ne puis vous dire M. à quel point je serois fâché de vous voir quitter une aussi belle habitation, et le voisinage de Geneve. Peut être y auroit il moyen de ne pas vous ôter la faculté d'y revenir. Faites moy le plaisir de me répondre. Quelle que soit votre résolution je seroi peutêtre assez heureux pour vous rendre service.
Je me flatte que vous ne doutez pas de mon.
H.