1768-01-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Tronchin.

Mon cher ami, j'écris sur le champ à Balleidier pour mettre ordre à cette nouvelle extorsion.
Gex est l'antre de la chicane et de la rapine, mais vôtre ville de Genêve est le temple de la discorde. Si on voulait sérieusement se concilier ne serait-il pas très aisé de traitter avec les représentans sans rétablir les 24 commissaires du peuple? Les commissaires du conseil des deux cent ne pouraient-ils pas traitter avec cinq ou six personnes à leur choix, sans formalité, sans bruit, sans infirmer en rien l'autorité du prononcé? Ne fait-on pas parler tous les jours à ses plus grands adversaires par des tiers? Ce serait assurément là le cas de boire ensemble, et de finir tout le verre à la main?

Croiez moi, il n'y a qu'un bon souper qui puisse mettre la paix dans la République.

Je vous embrasse bien tendrement.

V.